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la-version-marocaine.com
Décrit ma réalité dans toute sa beauté, sa cruauté, son injustice et sa scandaleuse ''marocanité''...

A la vie, à la mort. A l’amour, à la mort aussi ...

La version marocaine
A la vie, à la mort. A l’amour, à la mort aussi ...

Il y a le post, puis il y a la chanson .. et ces deux-là se marient à merveille ...

Avant de commencer, je tenais à prévenir les gardiens de la morale, les vierges effarouchées et les femmes mariées trompées ( groupe largement étendu auquel j’ai eu l’honneur d’appartenir il n’y a pas si longtemps) que la première ou le premier à me traiter de salope, je lui fais bouffer sa mère sans préavis, je ne suis pas d’humeur à supporter vos insultes en ce moment.

Je vous disais donc avoir reçu deux coups de fil de mon radiologue la même journée, un premier le matin, pour préparer le terrain et un deuxième le soir, pour faire basculer ma vie.

Et quand ma vie bascule, j’ai des réflexes de survie assez inattendus, qui permettent de donner du temps au cerveau de tout intégrer en douceur.

D’habitude, j’achète des chaussures ou je prends des avions.

Cette fois-ci, j’ai pris des avions.

Moi : Salut !

Lui : Wouaw, ça fait longtemps chérie, un juif est mort ( Expression marocaine .., pas la force d’expliquer le sens ..)

Moi : Peut-être pas un juif cette fois-ci, j’ai …

Lui : Wouaw, Wouaw, attends, doucement ma belle, j’ai un peu d’alcool dans le sang là, répète !

Moi : J’ai ..

Lui : Et merde ..…

Moi : Bon, je dois changer d’air, il y a quelqu’un à la maison de la plage ?

Lui : Non, tu as toujours les clefs ?

Moi : Oui, j’arrive.

Lui : Viens ma belle, je te rejoins. Toujours au vin blanc ?

Moi : Champagne mon coeur, ça se fête …

Et j’ai pris un avion, puis l’autre.

Lui, je ne vous en ai pas encore parlé parce que je ne savais pas comment le présenter. Disons que c’est mon premier tout, mon premier couple, ma première fugue, ma première fois, mes premiers retours clandestins au Maroc, ma première gifle, ma première fracture du cœur, mes premières douleurs d’amour, mes premiers verres d’alcool, et le début d’une longue et très particulière relation.

Lui, c’était mon ex-futur mari, c’est mon ami le plus loyal aujourd’hui et ça restera l’un des hommes qui a le plus façonné ma vie, en mal ou en bien je ne sais pas, toujours est-il qu’il m’a connue j’avais 20 ans, et ça fait 16 ans qu’on se parle au moins deux fois par mois, à quelques rares épisodes où lui ou moi étions hors zone.

Pour mon mariage, Il m’a offert la maquilleuse professionnelle qui venait d’une autre ville, m’a assurée que j’étais la plus belle des mariées puis m’a consolée pendant mon divorce.

Je lui explique certaines réactions de sa femme et m’occupe de tous ses rendez-vous médicaux et ses traitements. Il joue au foot avec mon fils, lui apprend l’arabe, et je tente d’atténuer les dégâts de son machisme sur l’éducation de sa fille.

Je m’occupe de son compte à l’étranger et il s’occupe de certains de ‘’mes problèmes’’ au Maroc.

Il m’invite à déjeuner à Casa et je l’invite à dîner à Paris, et si les amants déjeunent et les époux dînent, nous on déjeune et on dîne parce que ça fait des années que nous ne sommes plus amants et nous avons jamais été époux .. ou si peu.

Ce que j’aime dans cette relation, c’est le confort du “connu”, la sécurité du “déjà vu et déjà vécu”, et la sérénité du ‘’tout est réglé’’, et cette nuit-là dans une maison de plage marocaine, dont j’ai choisi les meubles et les tableaux, je me sentais sereine et en sécurité, j’avais ce confort matériel et celui de l’âme qui me permettait de parler, raconter pour intégrer en douceur.

Je n’aurai pas pu mieux le faire autrement ni ailleurs.

Il m’a servi du vin blanc comme d’habitude, a cuisiné comme d’habitude.

Je l’ai regardé faire comme d’habitude.

Il m’a fait goûter, c’était parfait comme d’habitude.

Puis j’ai parlé. Comme d’habitude.

Curieusement, ce qui me facilite les confidences avec lui, c’est qu’il a juste ce qu’il faut de manque d’empathie et d’absence de sensibilité pour éviter les mélodrames ou les réactions excessives quand j’annonce des mauvaises nouvelles, et juste ce qu’il faut comme hauteur ou parfois d’inconscience pour me calmer direct quand je lui annonce “un exploit”.

C’est aussi dans ces moments-là où je comprends pourquoi je ne suis pas la mère de ses enfants, comme il doit avoir ceux où il comprend pourquoi il n’est pas le père des miens.

Puis, dans un magasin de meubles à Marrakech, une soirée au clair de lune à Dakhla, dans un bon restaurant à Paris ou sur une terrasse à Capo Negro, nous nous regardons et remercions Dieu de ne pas avoir tout gâché par un mariage, parce qu’il est des relations qui ne résistent pas à un mariage.

Après 16 ans de “fréquentation”, on commence à connaître les limites de l’autre, à savoir les gérer et même à les éviter. Connaissant très bien les siennes, j’ai du préciser :

“ Écoute copain, je ne te le montre pas, mais je suis un peu fracassée du cerveau, donc fais un effort sur les maladresses, le manque d’empathie, les petits trucs qui blessent parce que je n’ai pas la force de gérer en ce moment”.

Il a dit : “Je ne te le montre pas ma belle, mais je suis très affecté par ce que tu viens de me dire, parce que s’il t’arrive quoi que ce soit, je ne sais pas comment je pourrais réagir, et le macho que je suis a du mal à dire ce genre de choses, même à toi, et si ce n’était pas le vin, jamais je ne te l’aurais dit, donc ne t’en fais pas, tu es ma princesse, tu l’as toujours été, et à partir de maintenant, tu deviens ma priorité, laisse moi juste régler les urgences et je suis à toi, Fuck the rules”

Vous voyez pourquoi j’adore le vin ? parce que ce genre de phrases, qu’elles soient vraies ou pas, et ce genre de promesses, qu’elles soient tenues ou pas, c’est ce qui donne un sens à ma vie. Parce qu’au fond, lui comme moi savons qu’il y a ces moments-là puis il y a la vie.

Et moi ces moments-là m’aident à affronter la vie.

Seule. Evidemment. Éperdument. A la folie.

Pendant quatre jours, il m’a préparé le petit déjeuner, m’a appelée ‘’bébé’’, ce qu’il n’a plus fait depuis une bonne dizaine d’années, m’a dit à quel point j’embellis avec les années, m’a raconté sa vie et m’a parlé de ses projets, m’a fait rire et m’a jetée à la mer comme une gamine de dix ans.

De temps en temps, il prend un air sérieux pour m’assurer être persuadé qu’il ne m’arrivera rien, qu’il le sentait au plus profond de son être et que de toute façon, nous avions encore tellement de choses à réaliser, ensemble ou chacun de son côté, que c’est juste impossible que tout s'arrête maintenant. Et puis, dans des revirements dont lui seul a le secret, il me dit que j’ai un joli cul avec mon maillot de bain qui brille et que je devrais faire du Top less.

Je suis tombée raide dingue d’une maison croisée pendant nos balades, il l’a appelée la maison anglaise, l’a prise en photo après mon départ et me l’envoie sur Whatsapp régulièrement.

J’ai eu envie de danser, pour lui, parce qu’il a toujours adoré ça, pour moi, parce que la deuxième vie commence le jour où on se rend compte qu’on en a qu’une.

Et j’ai dansé, la nuit, en maillot de bain qui brille, avec du vin dans le sang, de la musique marocaine dans les oreilles, ses yeux sur moi, des gouttes de sueur qui coulent le long de mon dos et entre mes seins et mes reins. Mon ventre encore salé a brillé, de chaleur, de sueur, de peur, de bonheur et d’angoisse.

Est ce qu’on a couché ensemble ce soir-là ? Non, parce que ça aurait été de l’inceste.

Non. J’ai juste dansé à la vie, à la mort.

J’ai juste dansé, à la mort et à l’amour aussi.

Seule. Evidemment. Éperdument. A la folie.

Marocaine version “ Ceux qui comptent …”

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I
Je découvre ton blog auj'h. Il m'a été conseillé par une amie. C'est le second post que lis. Je suis un peu comme cet ami dont tu parles, j'ai du mal à dire les choses ... Mais je suis fan. Voilà. Ton post est une ode au courage, à la liberté, à la vie. Une illustration de la complexité des relations humaines. Rien n'est jamais ni blanc, ni noir ... que des nuances de gris. Et puis cette sensualité affichée, revendiquée, comme un rire au nez de la mort. Je suis fan.
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U
Magnifique... je passe par les mêmes moments et tu me donne envie de suivre ton exemple et d'aller me réfugier dans les bras du mien, &quot;mon premier tout, mon premier couple, ma première fugue, ma première fois, mes premiers retours clandestins au Maroc, ma première fracture du cœur, mes premières douleurs d’amour, mes premiers verres d’alcool, et le début d’une longue et très particulière relation&quot; <br /> <br /> Merci.
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U
Ce n'est pas le centre du sujet mais bon, si j'etais la femme de cet homme je ne serai surement pas à l'aise avec ce qui se passe entre vous, cela dit je ne suis pas sa femme. Et puis je ne pense pas qu'elle puisse être au courant. Je ne veux pas vous juger, je trouve juste que votre complicité est injuste envers elle.
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L
Tout en sachant qu'il y a ces moments là puis il y a la vie ... ;)
S
Qu'une autre femme soit la priorité de son mari ça ne peut pas être juste.
S
psychorigidité 101.
J
Magnifique texte, tres boinne chanson de Stromae aussi.Un jour en 98, je reçois un petit livre avec dune dedicasse de Malika, française de parents algeriens. Elle disait: &quot;Pour l ami J &quot;parceque l on tous besoins que quelqu un nous dise que l on compte pour lui&quot;...je sais pas qui, vous o votre ami,aurait pu ecrire ça...les deux peut etre., et la, tout d un coup, on sait que l on est pas seul..et lorsqu on est heureux, tout, d un seul coup devient bon...
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N
J'adore tout simplement ! J'aurai voulu avoir un ami comme ça dans ma vie ... :)
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